Guatemala: l'ex-chef de l'administration pénitentiaire en prison
L'ancien directeur de l'administration pénitentiaire du Guatemala, Edgar Camargo, a été condamné jeudi à 22 ans et demi de détention dans une vaste affaire de corruption et de trafic d'influence dans les prisons, a annoncé le parquet.
L'ancien responsable faisait partie d'un réseau qui, pour des pots-de-vin pouvant aller jusqu'à 100.000 dollars, permettait à des détenus d'obtenir un transfert vers d'autres prisons, de recevoir des visites conjugales ou de bénéficier de divers privilèges, comme des mesures de sécurité particulières à l'intérieur des prisons.
Le chef du réseau, Byron Lima, un officier à la retraite tué lors d'une mutinerie de prisonniers en 2016, opérait avec la complicité étroite d'Edgar Camargo, a révélé l'enquête menée par la justice guatémaltèque en collaboration avec la mission de l'ONU contre la corruption (CICIG).
Le capitaine Byron Lima, qui purgeait lui-même une peine de 20 ans de prison pour le meurtre en 1998 d'un évêque qui s'était opposé à l'armée, avait réussi à asseoir son pouvoir sur les fonctionnaires de l'administration pénitentiaire. Depuis sa prison, l'ancien officier achetait maisons luxueuses et voitures de prix.
Six complices ont été condamnés avec Edgar Camargo par un tribunal de Guatemala pour association de malfaiteurs, blanchiment d'argent et corruption passive. C'est l'ancien directeur de l'administration pénitentiaire qui a écopé de la peine la plus lourde, la plus légère étant de cinq ans de prison.
"Nous allons faire appel, comme la loi nous le permet", a annoncé Edgar Camargo aux journalistes, en assurant qu'il allait observer une grève de la faim jusqu'à ce que le gouvernement "mette dehors" la CICIG.
La mission onusienne, rejointe récemment par la justice guatémaltèque, a demandé la levée de l'immunité du président Jimmy Morales, soupçonné de financement illégal de sa campagne en 2015, s'attirant ainsi les foudres du chef de l'Etat.